Gastronomie : les Zompopos de mayo, fourmis et plat du Guatemala
Le mois de mai est arrivé ! Au Guatemala il correspond généralement à l’arrivée des premières pluies de la saison. Ces premières averses sont synonymes de l’arrivée des Zompopos de Mayo, plat assez particulier du Guatemala.
Vous avez dit « Zompopos » ?
Non il ne s’agit ni d’un cocktail, ni d’une danse traditionnelle. Les Zompopos sont de grosses fourmis ailées présentes au Guatemala, de couleur café qui font partie de l’espèce Atta Cephalotes. La reine mesure 2 centimètres, tandis que les mâles ou les « soldats » mesurent environ 1,5 centimètres. On comprend mieux l’origine du mot qui, selon le dictionnaire de l’académie espagnole, provient d’un dialecte maya où Zonm signifie fourmi et Popo se traduit comme grand.
L’espèce se distingue en cultivant un champignon dans des colonies souterraines. Pour cette culture particulière, on peut les observer couper et ramener des morceaux de feuilles en file indienne vers leurs colonies. Ces dernières peuvent atteindre 200 mètres carrés et compter des millions d’individus. Leurs communautés sont composées d’une reine et de différentes castes de travailleurs, allant des soldats aux mâchoires puissantes, aux petits travailleurs chargés de prendre soin du champignon duquel ils vivent.
Les vols de parade et d’accouplement ont lieu tôt le matin après les premières fortes pluies, lorsque le sol est humide. Leur arrivée symbolise chaque année le changement de saison et de climat.
Tradition culinaire guatémaltèque
Les zompopos de mayo sont comestibles et font leur apparition au début de la saison des pluies dans les marchés de la région centrale. On peut notamment en trouver sur le marché de San Juan Sacatepequez, présentées dans de grands paniers en osier. Les zompopos sont de plus en plus rares et difficiles à ramasser. Leur prix peut atteindre 7 à 10 usd la livre, certains le considèrent comme le « caviar guatémaltèque ».
C’est un plat traditionnel et populaire consommé principalement dans le centre du pays. Les fourmis sont soigneusement nettoyées (on leur quitte la tête, les pattes et les ailes), grillées sur un comal, et sont servies avec du sel, du piment et du citron. Elles sont généralement accompagnées de tortillas voire de frijol et de guacamole.
Ces fourmis géantes sont très nutritives, et constituent une source élevée de protéines et de vitamines. Selon les experts, c’est un plat qui aidait à palier les périodes de disettes dans les cultures méso-américaines. Elles sont mentionnées dans des ouvrages anciens comme le Popol Vuh (codex maya) ou encore dans « l’Histoire Naturelle du Royaume de Guatemala » (1722).
Les zompopos de mai ne sont pas les seuls insectes qui sont consommés dans certaines communautés du Guatemala. Les libellules, les papillons et les larves, en plus d’être un mets délicat, constituent une excellente alternative alimentaire.
Une espèce de fourmis en danger au Guatemala
Les fourmis géantes apparaissaient autrefois par millions lors des premières fortes averses. Le changement climatique et la déforestation changent aujourd’hui la donne. Les zompopos de mai font leur apparition plus tard… on en trouve aujourd’hui plus facilement en juin – juillet qu’au mois de mai !
Les municipalités où l’on en trouve se font de plus en plus rare. S’ils apparaissaient en abondance dans les parcs et jardins des villes, l’usage intensif des insecticides pour protéger les plantes ont acté leur quasi disparition en milieu urbain. La diminution de leur habitat naturel fait qu’il est plus difficile pour les insectes de trouver un nid ou un espace pour s’accoupler.
L’espèce et les traditions qui l’accompagnent sont aujourd’hui considérés en danger de disparition…